Souvenirs d'un repas familial basque

Dans les souvenirs de mon enfance, il y a des moments qui brillent avec une clarté particulière. Ces soirs où, en pleine semaine, nous nous retrouvions autour de la table, mes parents Hélène et Francis dit "Fausto", mon frère Hervé plus jeune de 4 ans et moi. Ces repas simples, mais emplis de saveurs et de chaleur humaine, restent gravés comme des instants de pur bonheur.

Mon père, qui avait grandi à Bayonne, nous régalait autant par ses histoires que par la magie des plats que ma mère préparait. Je me souviens encore de ses récits fascinants de ses années de pêche à la sardine et au thon dans les années 70. Lui, le jeune homme de la rue d’Espagne, qui n’avait jamais mis les pieds sur un bateau, avait pourtant passé 13 ans à bord du « Sopite » et de "l'Urdazuri" célèbres bateaux de Saint-Jean-de-Luz à la grande époque de la pêche basque. Il évoquait avec une telle passion les sorties en mer, les longues nuits à scruter les flots et les anecdotes du quotidien des marins qu’Hervé et moi restions pendus à ses lèvres. Et puis, il y avait ses souvenirs de ses 18 mois passés en pleine guerre d’Algérie, entre 1954 et 1962. Bien que douloureux, il parvenait toujours à y glisser une note d’humour ou une leçon de vie.

Pendant ce temps, ma mère, après une journée de travail bien remplie, nous offrait ses talents de cuisinière. Elle n’était pas un grand chef, comme elle aimait le dire, mais tout ce qu’elle préparait était un pur délice. Nous dévorions sa célèbre salade de tomates à « l’oignasse », comme elle disait avec son sourire malicieux, une montagne de tomates fraîches et d’oignons doux. Ensuite venaient les œufs au plat accompagnés de ventrêche et de jambon de Bayonne poêlé, le tout servi avec des frites maison croustillantes, qu’elle préparait à la perfection. Pour terminer, un simple morceau de fromage — camembert ou brebis — avec une salade verte bien aillée qui complétait ce festin quotidien. C'était simplement mon repas préféré...

Ces repas, aussi simples soient-ils, étaient un véritable événement. Hervé et moi savourions chaque bouchée tout en écoutant les histoires de notre père, et ma mère, toujours modeste, regardait nos assiettes se vider avec un sourire satisfait. Ces moments étaient bien plus qu’un simple repas ; c’était un rituel de partage, de joie et de rires.

Aujourd’hui, ces souvenirs me reviennent souvent, teintés de nostalgie mais aussi d’une immense gratitude. Je me demande parfois si, à l’époque, nous avions pleinement conscience de la richesse de ces instants. Probablement pas. La jeunesse a cette insouciance qui nous pousse à prendre les choses pour acquises. Mais en prenant de l’âge, je réalise à quel point ces moments étaient précieux. Ils étaient un écrin de bonheur simple, réchauffé par l’amour de mes parents et la complicité que je partageais avec Hervé après avoir fait une partie de tennis sur le parking de la résidence.

Je partage cette anecdote non seulement pour honorer ces souvenirs personnels, mais aussi pour inviter chacun de vous à se remémorer ses propres moments de bonheur autour d’une table familiale. Ces instants, si simples et pourtant si profonds, sont le ciment de nos vies. Et si, comme moi, vous avez eu la chance de les connaître, prenez un moment pour les savourer à nouveau, avec reconnaissance et un sourire.

Parce que parfois, ce sont les choses les plus simples qui font les souvenirs les plus précieux.
C'était à Bayonne...

papa et maman jeunes
papa et maman jeunes
fausto sur le Sopîte
fausto sur le Sopîte
Fausto guerre d'Algérie
Fausto guerre d'Algérie
Papa et maman
Papa et maman
Hervé et moi
Hervé et moi
Maman, Jean, Julen et moi
Maman, Jean, Julen et moi